jeudi 24 juin 2010

STRONGER THAN PAIN 1 & 2

Réalisateur: Tchidi Chikere
Scenario: Tchidi Chikere
Pays : Nigeria
Genre : drame/comédie
Date de sortie: 2007
Durée: 146 min

Casting:

Nkem Owo: Ulonna
Kate Henshaw-Nuttal: Eringa
Ifeanyi Ikechukwu: Okolo
Ebube Nwagbo: Urenma
Daniella Chioma Okeke : Daniella

Ulonna vit dans son village natal avec son épouse Eringa originaire d’une autre tribu. Eringa est rejetée par la communauté non pas parce qu’elle vient d’ailleurs mais par ce qu’elle bat et maltraite son mari en privé comme en public. Considéré comme un affront par toute la communauté, les membres, en particulier la sœur cadette d’Ulonna chez qui il se réfugie souvent, entreprennent différentes actions pour le pousser à se séparer de sa femme. Ils espèrent la faire quitter le village non seulement pour sauver Ulonna mais surtout pour sauver leur honneur. Mais au grand étonnement général, Ulonna refuse de quitter son épouse accusant même les villageois de se mêler de sa vie privée. S’ensuit alors une guerre acharnée entre les villageois et le couple ou plutôt entre les villageois et Eringa car Ulonna semble ne pas avoir son mot à dire.

L’histoire se déroule dans un village Igbo au Nigeria à une époque très ancienne, disons avant l’arrivée des européens. Tout y est donc traditionnel: les magnifiques costumes, les accessoires, les ustensiles et même les habitations. Seul le langage est moderne car ils s’expriment en anglais. C’est très intéressant et instructif de voir un film africain racontant une histoire africaine dans un contexte africain. Les valeurs telles que le respect des anciens et le fait que l’intérêt de la communauté passe avant celui de l’individu sont très présentes et même au cœur de l’intrigue.
Assez déroutante comme histoire, personne ne peut regarder Stronger Than Pain et rester insensible. Dès le départ, le spectateur est obligé de prendre partie pour l’un ou l’autre. Mais très vite, il se retrouve à devoir changer d’opinion plusieurs fois de suite pour au final ne plus savoir vers quel bord se pencher. Les intentions de l’auteur ne sont pas très claires car on se demande s’il souhaite remettre en cause les valeurs africaines citées plus haut ou s’il souhaite juste nous proposer des pistes de réflexions. Dans les deux cas, le film a quand même le mérite de nous faire réfléchir tout en nous faisant rire car il est vraiment très drôle.

Nkem Owo, très connu en tant que comique excelle dans son rôle tant au niveau des dialogues qui donnent l’impression de ne pas avoir été écrits, qu’à son jeu d’acteur très naturel. Kate Henshaw-Nuttal très impressionnante, rend justice au directeur de casting car elle colle tellement bien à la peau de son personnage qu’elle arrive à nous faire peur par moments dans le film. Les deux acteurs considérés comme les plus grands acteurs nigérians ont reçu le prix du meilleur acteur et le prix de la meilleure actrice aux AMAA 2008 : African Movie Academy Awards.

Les actrices sont toutes belles les unes des autres surtout avec leurs costumes traditionnels. Le point important à relever est le côté provocateur du sujet. Malheureusement, petit budget oblige, le film n’est pas sous titré en français. Il va donc falloir faire avec l’anglais nigérian.

mardi 22 juin 2010

A PATCH OF BLUE

Basé sur: Be Ready with Bells and Drums d’Elizabeth Kata, publié en 1961.

Réalisateur: Guy Green
Scenario: Guy Green
Pays : USA
Date de sortie: 1965
Durée: 105 min
Titre en français: Un coin de ciel bleu.

Casting:

Sidney Poitier: Gordon Ralfe
Shelley Winters: Rose-Ann D'Arcey
Elizabeth Hartman: Selina D'Arcey
Wallace Ford: Ole Pa
Ivan Dixon: Mark Ralfe



Selina, jeune caucasienne non voyante, vit cloîtrée dans un minuscule studio avec sa tyrannique de mère, Rose-Ann et son grand père alcoolique, Ole Pa. Elle passe ses journées à faire le ménage, la cuisine et à fabriquer des colliers pour un bijoutier qui passe les récupérer de temps en temps. Un jour, pour lui faire plaisir, son employeur décide de l’emmener au parc à côté de chez elle. Elle y prend goût et demande à y retourner. Le lendemain, alors qu’elle est assise sous un arbre dans le parc, une petite bête s’invite dans son chemisier. N’arrivant pas à s’en débarrasser, elle panique. Gordon, jeune homme afro américain, instruit et issu de la classe moyenne, vient à son secours. Ils se lient d’amitié. De rencontres en rencontres, Selina touchée par la gentillesse et la tendresse de Gordon à son égard, tombe amoureuse de lui, ignorant complètement son appartenance ethnique. Ils continuent à se fréquenter jusqu'à ce que Rose-Ann les croise un jour dans la rue et interdise à sa fille de revoir cet homme de couleur. Gordon, pris d’affection pour cette jeune fille qui a su garder son innocence et son enthousiasme malgré ses malheurs, décide de tout faire pour lui offrir une vie meilleure en la délivrant de son enfer familiale notamment par le biais de l’éducation.

Filmé délibérément en noir et blanc, A patch of Blue est une jolie ode à l’amitié et à l’amour, le vrai. Celui qui privilégie la personnalité à l’apparence physique, bien au-delà de la tolérance. C’est un film émouvant, agréable à regarder et tout en douceur qui plutôt que de se focaliser sur les problèmes raciaux de l’époque met l’accent sur la relation des deux personnages principaux.

Les tensions raciales sont caractérisées par les opinions de Rose-Anne mais aussi par les réticences de Gordon vis-à-vis de Selina et des mises en gardes de son frère qui voit en cette jeune fille blanche des problèmes en perspective. Les acteurs sont tous exceptionnels dans leur interprétation. Sydney Poitier est excellent comme d’habitude. Et comme Selina, on ne peut s’empêcher de tomber très vite sous le charme de Gordon tant il incarne l’humanité et la tendresse dont a besoin une fille comme elle. La justesse de jeu d’Elisabeth Hartman rend Selina encore plus touchante et crédible dans son rôle d’innocente fragile. D’ailleurs, il est intéressant voire amusant de noter que Selina qui a toujours vécu dans le noir trouve du réconfort et un bien être auprès d’un noir.

De nombreuses scènes dans ce film vous prennent à la gorge grâce à la force des dialogues sur lesquels tout le film repose, la performance des acteurs, la maîtrise et l’intelligence de la mise en scène. Et ce dès les premières minutes du film; pendant tout le générique, on voit dans l’obscurité, des mains enfiler méticuleusement des perles. Cela nous oblige en tant que spectateur à poser et à adopter un certain regard sur ce qui va suivre.

A patch of Blue est un film poétique, émouvant mais pas pathétique et très bien construit. Il est à voir et à revoir sans modération. On en fait plus des films comme celui là de nos jours.